Ares ne travaillait pas ce jour là. C’était lundi. Il faisait un temps splendide et tout encourageait à se balader dans la ville. Ces derniers temps, sa vie était plus que mouvementée et il s’était dit que faire les boutiques ne lui ferait pas de mal. Finalement, vu la chaleur, il y avait renoncé, se contentant de prendre une glace chez son glacier préféré. Et puis son portable avait sonné. Il décrocha en soupirant. Il n’avait décidément pas une minute de répit.

« Ares, c’est Linda, tu as une minute ? »

Linda, c’était sa coéquipière à l’agence. Elle était d’un professionnalisme surprenant et était une femme pleine d’énergie. Ares l’aimait beaucoup, mais il était rare qu’elle l’appelle sur les jours de congé.

« Euh…oui, on peu dire ça »

Avait-il répondu simplement en finissant sa glace, jetant la serviette en papier dans une poubelle de la ville. La jeune femme avait répondu sur un air enjoué.

« Parfait ! Le dirigeant de l’hôtel de la ville voulait que tu passe prendre le registre des réservations pour avoir l’heure et la date précise de l’arrivé de nos mannequins orientaux »

Ares jeta un regard circulaire dans l’avenue. Il n’en était pas très loin, il indiqua donc qu’il le ferait et raccrocha simplement. Bah, ce n’était pas grand chose, et vu qu’il était à côté, il pouvait bien passer par-là avant de rentrer. Il n’avait rien d’autre à faire de toute façon. Il prit donc la direction du dit hôtel et y parvint quelques minutes plus tard. Fier de lui. Pour une fois, il n’avait pas tourné en rond durant des heures. Au passage, il était passé devant une pharmacie dont la devanture affichait la température extérieure. Avoisinant les 30 degrés, la chaleur était supportable, mais Ares avait jugé bon d’enfiler un t-shirt gris orné de larges rayures horizontale vertes pommes. Il ne passait pas vraiment inaperçu. Ce jour là, il n’avait pas mis de lentilles, ses iris étaient donc naturellement verts.

Il s’apprêtait à rentrer dans l’hôtel, mais un jeune homme se trouvait sur le pas de la porte, sans bouger, lui bloquant le passage. Il ne devait sûrement pas faire exprès. Ares lui adressa donc un sourire jovial.

« Bonjour. Excusez-moi, pourriez vous me laisser passer s’il vous plais »

Avait t-il demandé calmement. Il avait tout son temps alors, pourquoi se presser… ?

Le jeune homme se retourna, visiblement gêné. Ares en fût surpris, il ne lui avait pas demandé grand chose. Cependant, il pu desceller un net accent étranger dans sa voix. N’étant jamais sorti du pays, il n’aurait pas su dire de quelle région il pouvait venir. Un européen ou un Américain sans doute. En tout cas, il ne s’agissait pas d’un asiatique. Il lui adressa un sourire, se voulant rassurant, avant d’entrer dans l’hôtel. Le gérant l’invita donc dans la salle de réunion, l’informant de tout ce qu’il voulait savoir. Linda ne serait pas mécontente. Pour une fois qu’elle n’avait pas à se déplacer aux quatre coins de la ville.

« Merci beaucoup monsieur. Je vous tiendrais au courant si les arrangements changent »

Annonça t-il gentiment à l’adresse du maître d’hôtel, rejoignant l’accueil en sifflotant. Il avait glissé ses mains dans les poches de son jean noir et semblait plus décontracté que jamais. Il traversa le hall en y jetant un bref coup d’œil, faisant demi-tour subitement. Il y avait reconnu le jeune homme de tout à l’heure. Il l’avait croisé un peu plus tôt en entrant dans l’hôtel. Il s’approcha. Ce dernier lisait un livre au titre incompréhensible pour Ares. Il n’était pas très doué en anglais. Il arrivait à le parler dans le milieu de la photographie, mais les plantes…son vocabulaire était restreint.

« Les plantes ? Vous vous intéressez aux plantes de la région ? »

Avait-il demandé poliment. En Italien, en espérant que son vis-à-vis comprenne. S’il lisait en anglais, il n’était sans doute pas d’ici. Et l’italien n’était pas parlé aux quatre coins du globe. Il lui adressa un sourire amical. Il s’intéressait beaucoup aux étrangers. Sa curiosité était réellement piquée à vif. Ils avaient toujours plein de truc passionnant à raconter.

Ares fût surpris de voir que son interlocuteur était plutôt bavard et que la barrière de la langue ne semblait pas le déranger. Tant mieux ! Ares aimait beaucoup discuter avec les gens. Il esquissa un sourire. Ares n’était pas super doué dans le domaine des plantes, même s’il aimait en photographier de temps à autres, il ne connaissait absolument pas leurs noms où leur « mode de vie » .

« Ah, je ne suis pas très doué dans le domaine, moi je fait de la photographie »

Répondit-il en parlant distinctement afin d’être sûr d’être compris, il saisit la main tendue dans le but de saluer le jeune homme. Ce dernier venait d’énoncer ce qui semblait être son prénom. Ares n’en était pas sûr, car il ne connaissait pas ce mot. Mais c’était justement ça qui le poussait à croire qu’il venait de se présenter.

« Moi c’est Ares Alvaro…mais c’est un peu long, alors tu peux m’appeler Ares »

Il précisa donc qu’il venait d’Irlande. Ce devait-être un beau pays. Il n’en savait pas grand chose. C’est pourquoi il sa hâta de poser la question.

« L’Irlande ? Je n’ai jamais été…en fait, je suis né ici et je n’ai pas voyagé beaucoup. Il paraît que les paysages y sont magnifiques »

Reprit-il plus enjoué que jamais, tournant son regard au dehors. S’il restait dans cet hôtel, il allait s’embêter. Mais Ares n’osa pas lui proposer de le guider, s’il le voulait, il pourrait toujours lui demander. Mais Clive se stoppa dans son flot de parole alors qu’Ares s’installait dans un fauteuil en face de lui.

« Pas spécialement. Je trouve ça bien de voir quelqu’un qui ne vient pas ici uniquement pour voir si les rumeurs sont vraies »

Acheva le jeune homme satisfait. Il est vrai que la plupart des touristes venaient ici dans l’unique but de fouiner, sans aucun respect pour ceux qui avaient perdu la vie dans l’histoire. Il repris cependant, histoire de ne pas laisser s’installer une mélancolie néfaste.

« Pourquoi avoir choisi l’Italie ? Les plantes les plus rares se trouvent en Asie ou en Amériques du sud non ? »