Une chambre presque vide, aux couleurs sombres un peu délavée. Un lit deux places aux draps beiges, une petite étagère dans un coin et une pile de cartons. Sur la table de chevet improvisée, un cendrier plein à ras-bord et un tas de bracelet et autres breloques. Il est 6 heures du matin. Mais qui peu bien habiter ici ?

« Tititi tititi tititi ♫ »

La sonnerie d’un réveil, mais personne ne bouge. Le petit appareil persiste alors avant d’être stoppé par une baffe monumentale. Un bras venait de surgir soudainement de sous la couette en un grognement indigné. Dante plaqua son oreiller sur sa tête en pestant contre l’auteur de cette machine infernale. Se tournant plusieurs fois, il finit par se redresser. Il n’aurait pas du se coucher si tard la veille. Il soupira et bailla sans retenu avant de se lever et de s’étirer d’une façon presque féline. Aujourd’hui était son premier jour au sein de la famille Montecchi et ça ne le réjouissait pas plus que ça. Déjà, il fallait se lever tôt, et ça…c’était une chose à la limite du blasphème pour le jeune homme qui pris aussitôt la direction de la salle de bain dans l’espoir qu’une bonne douche le réveillerai. Et il eu bien raison, car en sortant, il était vraiment revigoré. Il faut dire qu’il en fallait plus pour l’abattre, et si le réveil était toujours une torture, une fois debout, il était prêt à déplacer des montagnes. Au sens figuré j’entends bien. Mais vous l’aviez deviné.

Mais ses sautes d’humeur n’étaient pas finies. Parce qu’aujourd’hui, il ne pouvait pas se permettre de s’habiller n’importe comment, c’est pourquoi il avait investi dans un costume histoire d’être un peu plus présentable. Il avait galéré à faire son nœud de cravate et y avait passé au moins un quart d’heure. Par chance, il avait pris de la marge et s’était levé plus tôt que prévu. Prévoyant le garçon ! Il avait tout de même réussit à finir de se préparer dans les temps. Enfilant tout de même son collier habituel auquel était attachée une bague, il avait glissé ce dernier dans sa chemise afin d’être sûr que sa patronne ne dirait rien. Il fallait se méfier avec les bourgeois…ils avaient l’œil. Mais peut-être se trompait t-il sur le compte de cette famille. Il verrait bien.

Il pris donc un petit déjeuné rapide avant de sauter dans sa voiture. S’il ne se dépêchait pas un peu, il allait finir par être en retard et ça ferait vraiment mauvais genre dès le premier jour. Détrompez-vous, Dante n’était pas du genre à vouloir faire bonne impression au quotidien, mais là il s’agissait de son travail et donc de son revenu mensuel. Il ne pouvait donc pas le négliger. Comme quoi, il savait être sérieux parfois.

Il arriva donc à la demeure d’Asteria Montecchi après environ un quart d’heure de route. Il s’était chargé d’élaboré son emploi du temps comme elle le lui avait demandé la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il gara donc sa voiture dans la cours. Il était huit heures précise. Il était à l’heure et s’en satisfaisait. Ordinairement, la ponctualité, ce n’était pas son truc. Il sonna donc.

La porte lui fût ouverte. Il n’avait pas attendu longtemps dehors. Fort heureusement d’ailleurs, il n’allait sans doute pas tarder à pleuvoir. La pluie ne le gênait pas ordinairement, mais quelque chose lui disait qu’il n’avait pas intérêt à arriver trempé au boulot. En arrivant, il n’avait pas pu s’empêcher de remarquer la superficie encadrant cette imposante villa. Décidément, Dante ne supportait pas les bourgeois. Leur arrogance le mettait hors de lui et aucun d’entre eux ne s’était donné la peine d’effacer les préjugés qu’il pouvait avoir. Mais bon, il faudrait bien qu’il fasse un effort. Il avait postulé seul à l’emploi, il ne pouvait donc s’en prendre qu’à lui-même. Et puis, il n’allait pas commencer à râler alors qu’il avait à peine commencée. Il entra donc en s’efforçant de rester décontracté. Personne ne lui avait indiqué les usages à suivre dans pareille maison. Il ferait de son mieux.

« Bonjour »

Répondit-il avant de suivre la demoiselle dans un dédale de couloirs inimaginable. Jetant un regard circulaire dans chaque lieu qu’il traversait, il parvint au bureau de la belle. Cette dernière s’installa confortablement. Dante fit le choix de rester debout. Il sortit une pochette de sa veste et la posa sur le bureau.

« J’ai établi votre emplois du temps comme vous l’aviez demandé »

Précisa t-il en lui tendant un exemplaire de ce dernier. Elle commençait fort, dès 9 heure, elle avait un rendez vous avec la rédactrice en chef d’un magazine féminin très côté dans la région. A 10h, elle était invitée à participer au shooting de la nouvelle collection jusqu’à midi où elle disposait d’une heure avant de reprendre à 13h par un rendez-vous avez une chaîne de télévision qui avait accepté l’offre publicitaire de la compagnie. C’était sans doute la plus grosse partie du planning, car les négociations étaient toujours compliquées avec les chaînes privées. Et vers 15h, elle terminait par la sélection des mannequins qui représenteraient les collections à venir. Ce qui ne faisait pas une très grosse journée finalement, mais le rythme se trouvait être soutenu. Et même si elle finissait à 17 heures, Dante était conscient du fait qu’elle n’allait pas avoir le temps de chômer.

Il venait tout juste de remplacer l’ancien secrétaire. Il n’avait pas demandé pourquoi il avait quitté son poste et n’avait pas l’intention de le faire. Car après tout, il se fichait pas mal de ce qui avait pu se passer dès l’instant qu’il avait le job. D’ailleurs, il se révélait surprenant, il avait tout planifié à la minute prêt, alors qu’il ne connaissait pas grand chose du monde des bijoux de luxe. Il espérait ne pas avoir commis d’erreur.

« Et, comme vous finissiez plus tôt, je me suis permis de vous prendre un rendez-vous à l’institut de soin de la ville à 17h30 »

Acheva t-il avec un professionnalisme déroutant. Il commençait déjà à prendre des initiatives. Il était conscient du fait que cela ne plairait pas forcément. Mais il pouvait toujours appeler pour annuler.

Une femme charmante que cette Astéria Montecchi. Dante ne cachait pas qu’il en avait beaucoup entendu à son sujet. Mais il préférait se faire a propre opinion. Opinion qui commençait à se construire fortement. Elle semblait aussi détestable que l’on avait pu lui décrire. Remarque, Dante ne supportait pas les aristocrates, quel qu’ils soient. C’était plus fort que lui, tout ces parvenu qui n’avait fait qu’hériter d’un nom et de toute la fortune qui allait avec. C’était bien trop facile. Et en plus de ça, la plupart, tel que cette charmante demoiselle, se permettait de s’en vanter ? Douce ironie…quand tu nous tiens. Tout travail mérite salaire, mais pour la bourgeoisie, tout salaire ne méritait pas travail. Il y a de cela quelques années, Dante serait parti en claquant la porte. Mais il avait fait un gros travail sur lui-même. En plus de ça, il avait besoin de boulot, et c’était celui qui était le mieux payer. Sans ce salaire, non seulement il serait dans la merde, mais en plus, sa mère se retrouverai en difficulté aussi du fait qu’il l’aidait beaucoup à subvenir à ses besoins.

Pas un sourire ne s’afficha sur son visage jusqu’à ce qu’elle prenne la parole. Neutre, il se contentait de faire ce pour quoi il était payé : la seconder. Et accessoirement la supporter. Ce qui visiblement s’annonçait plus difficile que prévu. Cela dit, il ne broncha pas lorsqu’elle lui annonça son bon point. Elle avait dit ça d’une manière laissant supposé qu’elle vienne de donner une friandise à un chien. Dante esquisse simplement un sourire en coin. Presque mesquin, qui s’effaça aussitôt. Le gros avantage, c’est que lorsqu’il voulait quelque chose, il était prêt à plier sans casser. Et même si ses nerfs commençaient déjà à être mit à dur épreuve, il resta de marbre. Conscient du fait que montrer un quelconque signe d’agacement lui ferait trop plaisir. Il ne broncha pas non plus lorsqu’elle envoya balader la domestique. Il se contentait d’établir son bilan dans sa tête. Si lui avait un point positif, elle, accumulait les points négatifs. De toute façon, elle partait déjà sous le seuil 0…juste parce qu’elle était de la haute société. Oui…Dante était comme ça…un peu sélectif.

Lorsqu’elle contourna le bureau, il se contenta de la suivre des yeux, restant de marbre devant cette démarche féline qui, bien loin d’être gracieuse à ses yeux, relevait bien plus de la provocation. Et lorsqu’elle commença son petit manège, il se contenta de lui adressé un sourire chaste, digne des cadres.

« Je ne fais que mon travail »

Assura t-il d’une voix posé, calmement, alors qu’aucune émotion à par peut être un professionnalisme sans nom ne transparaissait. Il ne cherchait pas à lui plaire, juste à satisfaire les besoins qu’il était censé comblé, à savoir : rédiger l’emploi du temps, accompagné la demoiselle dans ses démarches, passer les coups de fils important, réceptionner le courrier…et j’en passe. Il jeta un œil à sa montre.

« Il est 8h15. La rédactrice n’arrivera que d’ici trois quarts d’heure »

Répondit-il simplement. Ni plus, ni moins. Il n’allait pas s’étaler pour si peu de chose. Désormais, il n’avait rien d’autre à faire que d’attendre les ordres.