Angelo sortit de chez en lui , en compagnie d'Eros. Ca lui paraissait quasi anormal d'avoir quelqu'un à ses côtés tandis qu'il marchait. Il jetait , de temps en temps, des coups d'oeil à son compagnon de route, en se demandant s'il ne s'agissait pas d'une apparition, s'il n'était pas entrain de délirer. Mais non, il ne s'imaginait pas voir Eros. Il pouvait l'entendre respirer, sentir sa présence chaude. Il enfonça les mains, dans son manteau afin de ne pas avoir de contact entre sa main et la sienne.de quoi parlent les gens normaux? Du temps? De leurs projets futurs? De ce qu'ils ont fait hier soir? Il n'allait pas lui dire qu'il avait passé tout son temps à matter un film d'horreur. Eros avait, sans doute, remarqué les restes de chips , près de sa télé et aussi la pochette du DVD d'horreur. Eh oui, tandis que des solitaires mattaient du porno, lui, il mattait des DVD gores. Il devait être fêler et après? Il n'avait pas d'amis et se méfier des êtres humains. Les humains l'avaient fait souffrir , dans le temps.
Il flânait dans la rue, pensif, ne faisant pas attention aux personnes qu'ils croisaient. Il arriva devant un carrefour qu'il devait traverser pour se rendre au poste de police.

«  Je vais voir si je peux trouver quelque chose sur la mort de ton père »

Dit il alors en réponse à la question indirecte qui lui avait été posé, un temps plutôt. Il nota avec une certaine ironie, moquerie destinée à lui-même que décidemment ses conversations n'avaient rien de normal. Il avait encore parlé d'un sujet à relier avec la mort. Il fouilla dans ses souvenirs. Oui, il avait autopsié quelqu'un qui ressemblait fortement à Eros. C'était au tout début de sa carrière alors qu'il était encore sous l'aile protectrice de son formateur en médecine légale.

«  C'était quoi le prénom de ton père «  Demanda t il tout à coup

Avec un peu de chances, on avait pas mis le bordel dans ses dossiers et on les avait laissés ranger en ordre alphabétique et non pas par série de numéros. Il n'aimait pas ce système de numérotation. C'était renier ce qu'avait été le mort, lui enlever toute humanité et n'en faire qu'un objet qui permettait de gagner son pain.

Perdu dans ses pensées, il se rappela que le père d'Eros avait été un cas assez étrange. Au premier abord, cela avait été mort par noyade puis en fouillant dans ses entrailles, dans ses poumons, il s'était avéré qu'il n'était pas mort dans l'eau du fleuve mais bien dans de l'eau de piscine. Il s'apprêtait à lui dire tout en traversant . Il tourna la tête vers lui, peu habitué à parler avec quelqu'un, il se concentra uniquement sur Eros, oubliant le reste et oubliant surtout qu'une voiture arrivait à fond de train sur lui...

Matin, petit matin. Douce chaleur des rayons du soleil...même les rideaux fermés. Eros se réveilla de son petit somme, tout en douceur. Il avait le nez dans les oreillers, il dormait toujours sur le torse et qui plus est en caleçon. Un léger fumet appétissant pénétra dans la chambre pour annoncer à Eros qu'il fallait manger. Il remit en place la note de musique de son collier - qui était passée dans le dos pendant la nuit - puis sortit de la pièce après s'être rhabillé.

Après un petit déjeuné très satisfaisant, bien évidemment, il accompagna Angelo dans une petite promenade. Angelo avait prévu de passer à son laboratoire, Eros n'était pas contre l'idée. Il détestait son père au plus haut point mais il voulait savoir comment il était mort. Dehors, il faisait un soleil radieux. Chose louche puisque de la pluie avait récemment été annoncée. Eros alluma une cigarette entre temps sans poser les yeux sur le petit. Il était à l'affût du premier Montecchi ou Capuleti susceptible de les voir ensemble. S'il en trouvait un il allait s'en occuper personnellement.

Arrivé finalement sans encombres aux portes du poste des carabinieri, Angelo lui demanda le nom de son père. Eros répondit brèvement, le nom bref de son paternel.

- Gil.

Il inspira une profonde fumée de sa cigarette puis la recracha lentement. Il avait une petite vérité sur son père que lui seul connaissait.

- Il travaillait avec la mafia. Il était connu sous le nom de Ricardo. C'était un nom d'emprunt en fait, moi seul le savait

Lui seul en effet. Pour deux raisons. La première était que son père était très secret et les rares personnes de la famille Capuleti qui le savaient ont été tués. On soupçonnait un règlement de compte familiale or ce n'était pas le cas. Le père d'Eros était bien trop à cheval sur les coutumes familiales et n'aurait jamais pu tuer ou faire tuer un de ses frères. Un énorme mystères planait depuis le massacre de l'Adige. Eros connaissait bien des choses mais il n'était pas devin et ne savait rien de ce massacre. Il ne partait que sur des déductions. Et étrangement, Eros savait que son père avait été retrouvé mort noyé, mais il connaissait trop bien son père et savait qu'il n'était pas suicidaire. Il voulait savoir qui l'avait tué. Irait-il le remercier ou irait-il le tuer à son tour?

- Bon....après toi.

Pendant qu'Angelo finissait sa réflexion, Eros attendait en regardant un peu ailleurs tout en prêtant oreille attentive à tout son qui pourrait subitement se faire entendre.

- Je sais qu'il a été assassiné. Avez-vous terminé l'autopsie?

Il voulait préciser "vous" par Angelo et ses collègues. Et quand il avait prononcé "Mafia", il sentit un fort pincement au coeur car Angelo ne savait rien et Eros ne pouvait se permettre d'annoncer sur tous les toits qu'il bossait pour Elle et surtout à un flic.

Lorsque Eros finit sa cigarette, il la balança à terre dos tourné à Angelo. Il entendit un crissement de pneu, il n'avait pas vraiment fait attention qu'Angelo avançait toujours mais très doucement. Le conducteur commençait à s'en prendre à lui alors et il devait être saoul. Eros regardait la scène mais n'intervenait pas pour une raison qui lui semble logique. Il voulait voir Angelo se défendre. Si cela devait mal tourner alors il interviendrait. Cependant il commençait à voir rouge.

Angelo a été choppé par le col de sa veste et légèrement soulevé du sol. L'agresseur, enfin le conducteur un peu barré, puait définitivement la vinasse et roulait assez vite, trop vite même, pour une ville. Eros avait préparer son revolver dont il ne se sépare jamais au cas où ça tournerait mal.